jeudi 9 novembre 2023

Maria Valtorta "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" une évaluation négative" Dominique Auzenet mai 2023

 


Ouverture

 

Je n’ai jamais pu lire et me satisfaire de la lecture de « l’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valtorta. On y est noyé par une multitude de descriptions et de détails inutiles qui étouffent l’oeuvre de l’Esprit Saint en nous. En revanche la grande sobriété des évangiles canoniques est stimulante pour la méditation : elle laisse la place à une méditation l’Esprit Saint va pouvoir nous donner telle ou telle lumière féconde pour notre progression en sainteté.

 

Saint Dominique, avait toujours sur lui uniquement l’évangile selon saint Matthieu, et les lettres de saint Paul. Il les lisait et les relisait. « Il les étudiait tellement qu’il les savait à peu près par cœur » disent les actes de sa canonisation. C’est une attitude mariale, retranscrite ainsi par l’évangéliste saint Luc : « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (2, 19).

 

L’Évangile est un petit livre, qu’il nous faut lire, méditer, manger. « Je pris le petit livre de la main de l'Ange et l'avalai… Alors on me dit : « Il te faut de nouveau prophétiser contre une foule de peuples, de nations, de langues et de rois » (Ap 10, 1-11).

 

Manger le petit livre, c’est recevoir la Parole de Dieu comme une parole de vie et une force prophétique. « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie » dit Jésus (Jn 6, 63). Manger le petit livre, c’est lire et relire l’Évangile, pour en tirer toujours quelque chose de nouveau. L’Esprit Saint nous donne toujours des lumières nouvelles. Du vieux, l’on tire du neuf (Mt 13, 52).

 

Et si, précisément, ces poupées gigognes interminables que sont les livres de révélations privées (ici, 10 tomes, plus le reste : 7 000, ou plutôt 10 000 pages), étaient le refus et la négation de l’Esprit Saint lui-même ? Jésus ne dit-il pas : « l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26) ?

 

C’est à cette réalité-là que nous sommes affrontés lorsque nous nous posons la question de l’inspiration de l’oeuvre de Maria Valtorta. Est-ce Jésus qui lui a dicté ? Est-ce sa propre méditation personnelle ? Est-ce un mélange toxique l’esprit d’erreur et de mensonge s’est introduit ?


Ce livret rassemble trois articles publiés sur le site sosdiscernement.org. Le premier est de Céline Hoyeau, journaliste à la Croix et se fait l’écho des tensions actuelles autour de l’ouvre de Maria Valtorta. Le second est le texte de la Commission Doctrinale de la Conférence des Évêques de France, qui vient de publier une note, un « bref avertissement » au sujet de la diffusion de l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta. Le troisième est une présentation et un aperçu de trois articles d’analyses signés Don Guillaume Chevallier, professeur d’exégèse à l’École supérieure de Philosophie et de Théologie d’Évron (téléchargeables sur le site de la Communauté Saint Martin).

 

Enfin, vous avez accès à quatre autres études :

            Maxime Lesage, ex-valtortiste repenti, qui nous confie son cheminement et met en ligne : « Contradictions et hérésies dans l’oeuvre de Maria Valtorta ? »

            René Gounon propose de son côté un travail intitulé : « Maria Valtorta, l’Évangile dévoyé. Des visions et des messages qui ne peuvent venir de Dieu », téléchargeable également.

            Joachim Bouflet, qui a publié en 2023 Les impostures mystiques, consacre un chapitre entier à Maria Valtorta, dont Damien Bally se fait écho.

            Sandra Miesel, médiéviste américaine, soulève la question extrêmement grave de l’antisémitisme présent dans le Poème de l’Homme-Dieu.

 

En lisant tout cela, vous serez en mesure de vous faire une opinion personnelle, et de prendre position de façon éclairée. Par souci d’objectivité, si vous souhaitez avoir accès à toute la propagande valtortienne, il suffit que vous tapiez « Maria Valtorta » sur un moteur de recherche pour qu’internet vous la restitue.

 

Bonne réflexion.

 

Dominique Auzenet, mai 2023 Prêtre du diocèse du Mans,

Délégué à la pastorale Nouvelles Croyances et Dérives Sectaires.




I.   Le phénomène Maria Valtorta entre critiques et défenses passionnées

Céline Hoyeau, La Croix du 9 octobre 2021

 


 

Alors que les adeptes des écrits de cette mystique italienne célèbrent les soixante ans de sa mort, les évêques ont publié fin septembre un « bref avertissement » pour rappeler que son œuvre n’a jamais été reconnue par l’Église comme d’inspiration surnaturelle.

 

Ce 9 octobre marque le soixantième anniversaire de la mort de Maria Valtorta (1897-1961), « mystique » italienne auteur de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. Cette somme de 5 000 pages, une Vie de Jésus dont l’auteure aurait reçu la révélation au cours de visions, est aujourd’hui un succès de librairie. De nombreux fidèles affirment trouver de quoi raviver ou approfondir leur foi.

 

Cette popularité est due aussi aux efforts déployés depuis plusieurs années par les « valtortiens », ou fans de la mystique, pour la faire connaître. Ainsi la Fondation héritière de Maria Valtorta, qui a encouragé des groupes de lecture dans toute la France et organise ce 9 octobre un colloque près de Rome. Une vidéo- témoignage du célèbre ténor Andrea Bocelli est au programme. Tout comme un point sur le recueil de témoignages en cours mené par un prêtre du vicariat de Rome en vue de plaider pour sa béatification.

 

Eclairer les personnes attirées par ce type de littérature

D’autres valtortiens, l’Association Maria Valtorta, se lancent de leur côté dans une campagne de six mois de conférences en France et prévoient une première retraite spirituelle pour 2022. Depuis deux ans déjà, cette association promeut des conférences dans les diocèses, avec pour titre : « Quel est l’avis de l’Église ? » Et pour


sous-titre, en forme de réponse : « “Publiez l’œuvre telle qu’elle est !” Pie XII. Le Saint Padre Pio en conseillait la lecture. Le Saint pape Jean-Paul II lisait cette œuvre. »

 

Quel est l’avis de l’Église, justement ? Soucieuse d’« éclairer les personnes attirées par ce type de littérature », la Commission doctrinale de l’épiscopat vient de publier un

« bref avertissement1 », pour rappeler que L’Évangile tel qu’il m’a été révélé a été mis à l’Index par décret du Saint-Office en 1959. Sentence confirmée en 1985 par le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi2, et, en 1992, par la Conférence épiscopale italienne qui demandait à l’éditeur d’indiquer explicitement que ces écrits ne sont pas d’origine surnaturelle.

 

Des lignes rouges franchies

Si l’épiscopat français ne se prononce pas sur le fond, trois articles publiés dans la revue théologique de la communauté Saint-Martin3 analysent sous un autre jour ces écrits. Pour leur auteur, Dom Guillaume Chevallier, la meilleure connaissance du phénomène des abus aujourd’hui rend « plus avertis que par le passé des “lignes rouges” qu’on doit trouver étrange de voir franchies ».

 

Citant longuement L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, il pointe ainsi des traits de personnalité narcissique du Jésus de Maria Valtorta et relève que celui-ci « maintient ses disciples dans une dépendance psychologique surtout affective ». Il questionne aussi ses gestes ambigus, « difficilement explicables même par un contexte “oriental” », Jésus baisant sur la bouche Judas ou enlaçant Jean « à peine vêtu ».

 

Sur le plan doctrinal, il prône la préexistence de l’âme de Marie, l’incarnation de Satan en Judas, « mis en parallèle strict avec l’incarnation du Fils de Dieu », une vision manichéenne éloignée de l’anthropologie chrétienne, ainsi qu’une compréhension maladroite, pour ne pas dire déformée, de l’union des deux natures du Christ. Au fond, s’ils semblent répondre à un besoin légitime de se représenter les événements de l’Évangile plus concrètement, les écrits de Maria Valtorta risquent à la longue, selon lui, d’entraîner les fidèles dans des voies spirituelles fausses et imaginaires.

 


1 Sur le site du diocèse de Viviers : ardeche.catholique.fr/information-de-la-cef-concernant-les- ecrits-de- maria-valtorta

2 « Bien qu’aboli l’Index conserve toute sa valeur morale, c’est pourquoi il n’est pas retenu opportun de diffuser et de recommander une oeuvre dont la condamnation ne fut pas prise à la légère, mais sur des arguments réfléchis afin de neutraliser les dommages qu’une telle publication peut apporter à la foi des plus démunis ».

3 Communautesaintmartin.org/ la-csm/ecole-superieure-philosophie-theologie/articles-en-libre- acces


La défense des valtortiens

Que ce soit celles de 1959 ou celles d’aujourd’hui, ces prises de position ecclésiales sont vivement contestées par les valtortiens. Selon eux, Pie XII aurait,

« après lecture de l’œuvre complète », demandé sa publication, mais des pressions du Saint-Office auraient bloqué l’imprimatur. Et, sur le fond, il n’y aurait « rien d’anticatholique » dans ces écrits. « Maria Valtorta a toujours obéi à l’Église, c’est son confesseur qui lui a demandé de retranscrire ses visions, et ses restes furent d’ailleurs transférés dans une basilique à Florence. Si le Saint Office avait trouvé une hérésie, il ne se serait pas privé de le dire clairement », souligne Benoît de Fleurac, chargé de communication de la Fondation héritière.

Céline Hoyeau

 

 

 

 



II.   Note de la Commission Doctrinale sur les écrits de Maria Valtorta

 


 

 

 

BREF AVERTISSEMENT au sujet de la diffusion de l’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria VALTORTA. 29 septembre 2021

 

La diffusion des écrits de Maria Valtorta s’intensifie depuis deux ans au moins. On rencontre, en plus des fidèles qui se nourrissent de ces textes, des prêtres qui répandent ces écrits, des groupes de lecture de Maria Valtorta dont les activités sont à certains endroits annoncées dans les feuilles paroissiales. Des associations et des sites internet diffusent à grande échelle des mails commentant l’évangile du dimanche par des textes de Maria Valtorta. Des fidèles de bonne foi supposent que cette œuvre est approuvée par l’Église.

 

Un jugement clair du Magistère de l’Eglise a mis à l’Index L’Évangile tel qu’il m’a été révélé le 16 décembre 1959. La sentence est expliquée dans un article de L’Osservatore Romano du 6 janvier 1960. Elle a été rappelée par le Cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le 31 Janvier 1985, dans lequel il explique que : « bien qu’aboli, l’Index conserve toute sa valeur morale, c’est pourquoi il n’est pas retenu opportun de diffuser et de recommander une œuvre dont la condamnation ne fut pas prise à la légère, mais sur des arguments réfléchis afin de neutraliser les dommages qu’une telle publication peut porter à la foi des plus démunis4. »

 


4 Un prêtre de l’archidiocèse de Gênes s’adresse à la CDF par une lettre datée du 18 mai 1984 concernant la position de l’Église sur l’œuvre de Maria Valtorta. Le cardinal Ratzinger répond personnellement par une lettre datée du 31 janvier 1985, à l’archevêque le cardinal Giuseppe Siri, dont dépend le prêtre requérant. Voici l’original en italien de la phrase citée : « Benché abolito, l’Index conservava tutto il suo valore morale, per cui non si ritiene opportuna la diffusione e raccomandazione di un’Opera la cui condanna non fu presa alla leggera ma dopo ponderate


 

Mentionnons également la lettre du 6 mai 1992, par laquelle le secrétaire général de la conférence des évêques d’Italie a demandé à un éditeur de ne pas publier les écrits de Maria Valtorta sans indiquer explicitement qu’ils ne sont pas d’origine surnaturelle5.

 

Le synode des évêques de 2008 sur la Parole de Dieu a recommandé d’« aider les fidèles à bien distinguer la Parole de Dieu des révélations privées », dont le rôle

« n’est pas de (…) « compléter » la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire6 ».

 

Nous constatons chez certains fidèles de l’Eglise catholique un intérêt pour les révélations privées, un goût pour ce qui apparaît nouveau et manifeste l’actualité de la Révélation à travers des grâces mystiques ou des charismes. Ceci mérite d’être accompagné par un soin pastoral qui vise, non à éteindre l’Esprit, mais à éclairer les fidèles sur cette distinction entre Parole de Dieu et révélations privées.

 

Notre sollicitude pastorale envers les personnes attirées par ce type de littérature nous conduit à rappeler une vérité de foi importante : il s’agit de prendre conscience qu’une personne seule, sans une pleine communion avec l’Église et ses pasteurs ne peut se revendiquer dépositaire de l’Évangile ni de la tradition. Car le fruit de la réception de la Parole de Dieu est la communion de l’Église avec le Père et le Fils :

« Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous est apparue : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus Christ7 ». L’unique « solo » dans la symphonie de la Création, c’est le Christ8.

 

« Dieu qui parla jadis ne cesse de converser avec l’Épouse de son Fils bien-aimé, et l’Esprit Saint, par qui la voix vivante de l’Évangile retentit dans l’Église et par elle dans le

 


motivazioni al fine di neutralizzare i danni che tale pubblicazione può arrecare ai fedeli piú sprovveduti. »

5 « Je vous demande, dans le cas d’une éventuelle réimpression des volumes, qu’il soit indiqué clairement dès les premières pages que les « visions » et les « dictées » auxquelles on se réfère dans ces volumes ne peuvent être reconnues d’origine surnaturelle, mais qu’elles doivent être considérées simplement comme des formes littéraires dont l’auteur s’est servi pour conter, à sa manière, la vie de Jésus. » (Dionigi Tettamanzi, Secrétaire général de la Conférence Episcopale Italienne, Lettre à l’éditeur, 6 mai 1992)

6 Citation de Benoît XVI, Verbum Domini, n°14

7 1 Jn 1, 2-3

8 Cette réflexion est inspirée de ce que dit Benoît XVI, dans Verbum Domini 13


monde, introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait que la parole du Christ habite en eux avec toute sa richesse9». La conversation permanente de la communauté des fidèles avec Dieu n’est pas ‘’piétiste-individuelle.’’ Il s’agit du dialogue de Dieu avec l’Épouse du Christ, la sainte Église. Il émet un écho dans le monde car, par l’Église en qui retentit la Parole du Christ, Dieu fait entendre au monde la Bonne Nouvelle. Cette expérience ecclésiale de la Révélation se vérifie également du fait qu’elle oriente vers le Christ et qu’elle fait de l’Église un vecteur de la Bonne Nouvelle du Salut pour le monde d’aujourd’hui.

 

La constitution dogmatique Dei Verbum explicite les divers modes par lesquels se poursuit ce dialogue de Dieu avec l’Église. Ils ne se limitent jamais au sentiment individuel ou à la pensée personnelle de tel ou tel fidèle du Christ. Sous l’assistance du Saint-Esprit, la connaissance par l’Église des objets de la foi s’accroît « soit par la contemplation et l’étude des croyants[…],soit par l’intelligence intérieure qu’ils éprouvent des choses spirituelles, soit par la prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale, reçurent un charisme certain de vérité10 ».

 

Les soifs spirituelles que nous pouvons observer dans le Peuple de Dieu méritent d’être prises au sérieux et le besoin de lecture, de nourriture vivante pour favoriser la ferveur et la contemplation du mystère du Christ sont un encouragement à continuer à écouter, avec toute l’Église, la parole du Seigneur, et à annoncer les vérités de la foi avec ferveur et enthousiasme.

 

Notes utiles

1  Un prêtre de l’archidiocèse de Gênes s’adresse à la CDF par une lettre datée du 18 mai 1984 concernant la position de l’Église sur l’œuvre de Maria Valtorta. Le cardinal Ratzinger répond personnellement par une lettre datée du 31 janvier 1985, à l’archevêque le cardinal Giuseppe Siri, dont dépend le prêtre requérant. Voici l’original en italien de la phrase citée : « Benché abolito, l’Index conservava tutto il suo valore morale, per cui non si ritiene opportuna la diffusione e raccomandazione di un’Opera la cui condanna non fu presa alla leggera ma dopo ponderate motivazioni al fine di neutralizzare i danni che tale pubblicazione può arrecare ai fedeli piú sprovveduti. »

2  « Je vous demande, dans le cas d’une éventuelle réimpression des volumes, qu’il soit indiqué clairement dès les premières pages que les « visions » et les « dictées » auxquelles on se réfère dans ces volumes ne peuvent être reconnues d’origine surnaturelle, mais qu’elles doivent être considérées simplement comme des formes littéraires dont l’auteur s’est servi pour conter, à sa manière, la vie de Jésus. » (Dionigi Tettamanzi, Secrétaire général de la Conférence Episcopale Italienne, Lettre à l’éditeur, 6 mai 1992)

3  Citation de Benoît XVI, Verbum Domini, n°14 4 1 Jn 1, 2-3

5 Cette réflexion est inspirée de ce que dit Benoît XVI, dans Verbum Domini n° 13 6 Citation Dei Verbum 8

7 Citation Dei Verbum 8

 


9 Citation Dei Verbum 8

10 Citation Dei Verbum 8


III.   Trois articles de Don Guillaume Chevallier

 

Guillaume Chevallier : prêtre de la communauté Saint-Martin, professeur d’exégèse à l’École supérieure de Philosophie et de Théologie d’Évron.

 

L’inspiration chez Maria Valtorta. Discerner l’origine de l’Évangile tel qu’il m’a été révélé

https://www.communautesaintmartin.org/wp-content/uploads/2021/03/DGC-Charitas-14-Linspiration-

chez-Maria-Valtorta.pdf

 

Contenu de l’article :

 

I.       « L’ADIEU À L’ŒUVRE » : UNE CONCLUSION QUI CERTIFIE L’INSPIRATION DU LIVRE II. CONTESTATIONS ET CORRECTIONS DU TEXTE CANONIQUE III. UNE MALADROITE TENTATIVE DE LUTTER CONTRE « LE MODERNISME » — IV. UN AUTEUR OMNIPRÉSENT ET PLUS QUE SACRÉ V. UNE CONCLUSION IMPRÉCATOIRE


 

Extrait de la conclusion :

 

Il est impossible de séparer dans l’œuvre de Maria Valtorta les narrations avec leurs discours explicatifs, les dictées, les déclarations sur l’inspiration miraculeuse de l’Œuvre, les exhortations divines à ajouter foi à l’ensemble, la révérence dûe à l’auteur. L’Œuvre elle-même refuse d’être lue comme « une vie romancée » – qui pourrait avoir son intérêt en laissant une place au discernement et à l’interprétation. Elle réclame, avec menaces, d’être lue comme un texte prophétique, dont nous avons vu à quel niveau d’excellence et à quelle utilité pour le salut il prétend, et pour cette raison ne peut s’interpréter que par les codes qu’elle fournit.

 

L’abus spirituel est patent. L’autorité de l’Évangile de Valtorta, malgré quelques précautions rhétoriques, minimise celle des Apôtres et de l’Église. Elle


construit un climat spirituel de défiance à l’égard de l’autorité légitime, chargée de discerner les prophéties, et au lieu de se soumettre à la règle commune et apostolique exprimée par le Canon, c’est le Canon qu’elle juge, complète et perfectionne.

 

Pour ces raisons, il est évident que la mise à l’Index autrefois de l’œuvre de Valtorta était justifiée. Avec un peu de surprise, on constate que la condamnation de 1960 pointait seulement, avec quelques « perles qui ne brillent pas par leur orthodoxie », des fautes de goût, des incohérences, des erreurs et un style prétentieux. L’auteur de cette critique avait-il eu connaissance des passages les plus explicites sur l’ambition de l’Œuvre ? Il aurait probablement été amené à fustiger, plus que la comparaison à Dante, l’orgueilleuse volonté de « s’asseoir sur le trône de Dieu ». Cette prétention autoritaire est, pour l’Église fondée sur les Apôtres et leur témoignage seul, inacceptable.

 

Un faisceau d’indices remet sérieusement en cause l’origine surnaturelle de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé. Les textes font naître un malaise récurrent en entretenant le flou et les formules théologiquement scabreuses, plus souvent que clairement erronées. On ne peut toutefois pas souligner assez qu’engager l’autorité de Dieu contre la règle ecclésiale est un procédé mensonger.

 

 

 

Évaluation de trois éléments de doctrine de l’Évangile tel qu’il m’a été révélé, de Maria Valtorta

https://www.communautesaintmartin.org/wp-content/uploads/2021/03/G.CHEVALLIER-MV-II-

EVALUATION-DES-ELEMENTS-DE-DOCTRINE.pdf

 

Contenu de l’article :

 

1.     La préexistence de Marie 2. L’incarnation de Satan en Judas      3. L’incarnation du Verbe divin



 

 

Extrait de la conclusion :

 

« Avec cette œuvre, on n’a rien ajouté à la révélation », affirme « Jésus » dans la conclusion de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé (X, 38, 304). Les deux premiers exemples que nous avons analysés montrent à l’évidence le contraire : la création antécédente de l’âme de Marie, séparément de son corps, et l’enseignement sur l’incarnation de Satan en Judas sont de réelles nouveautés, qui découlent d’une vision très manichéenne de l’univers spirituel. Le troisième exemple, celui des affirmations doctrinales explicites ou suggérées sur l’Incarnation du Verbe témoignent, plus que de maladresses d’expression, d’une perception de l’union de Dieu et de l’homme très confuse.

 

Loin de l’équilibre des formulations théologiques conquis de haute lutte pour préserver l’intégralité du donné révélé, les expressions mises sur les lèvres des personnages, ou plus grave, de Jésus lui-même, dès lors qu’elles ne sont pas recopiées par Maria Valtorta dans les Évangiles ou dans la Tradition, mais forgées par elle, sont souvent fausses. Les deux mystères de la consubstantialité du Verbe au Père (et de leur commun vouloir, de leur commune opération) et de l’union de la nature divine et de la nature humaine dans le Christ, avec leur coopération, sont loin d’être compris et exprimés selon la foi de l’Église dans l’œuvre de Maria Valtorta.

 

 

Aspects psychologiques des personnages de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé de Maria Valtorta

https://www.communautesaintmartin.org/wp-content/uploads/2021/03/G.CHEVALLIER-MV-III-

ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES-.pdf

 

Contenu de l’article :

 

1. La personnalité narcissique du « Jésus » de Valtorta est celle d’un gourou 2.

« Jésus » et sa mère : des relations mère-fils d’une étouffante possessivité 3.

« Jésus » face à Judas : passionnel et victimal 4. Amour possessif 5. Gestes ambigus — 6. Le dévoiement du langage de l’union mystique


 

Extrait de la conclusion :

 

L’œuvre de Maria Valtorta nous met en présence d’une forme particulière d’abus spirituel, à deux niveaux. D’abord, dans le domaine proprement religieux. Malgré quelques précautions littéraires, le texte atteste – mensongèrement – d’un processus de rédaction d’origine divine qui permet de le comparer, voire de le substituer, à la révélation authentique. Ensuite, dans le domaine spirituel et psychologique. Le personnage de « Jésus » prodigue une éducation et tisse des relations toxiques avec les personnages du roman et, à travers eux, avec le lecteur ou la lectrice consentants. Même s’il était avéré que les informations de nature historique, géographique ou archéologique que prodigue Valtorta dans son Œuvre étaient exactes, cela ne justifierait pas pour autant la formation qu’elle prétend donner aux maîtres spirituels et aux âmes, qui sera, en fonction du degré de perméabilité des lecteurs, soit sans réel intérêt, soit dangereuse.

 

Il conviendrait de demander à un spécialiste d’analyser les sources possibles de la création du personnage littéraire de « Jésus », une fiction qui veut s’imposer, au- delà de la fiction, pour réalité divine. Ce Maître, qui s’impose par son verbe, qui interprète tout, autorise et défend ce qu’il veut, se soumet les êtres, présente des traits qui, si on les rencontrait dans la vie ordinaire ou chez un Maître spirituel, ne seraient pas acceptables. De quelles projections affectives, de quel besoin de domination ce personnage fantasmé de « Jésus » est-il le produit ? Si nous pouvions hasarder une hypothèse, nous évoquerions une immaturité affective transposée en termes religieux, trouvant ainsi une auto-justification absolue. Un indice de cela se trouve peut-être dans cette très étrange définition de Dieu que l’on trouve dans l’Œuvre : « Dieu est l’amour devenu Dieu » (II, 54, 293). L’expression indique un processus de divinisation d’un amour préexistant : il est tentant d’y lire que l’amour tel que Valtorta le conçoit, alliant la recherche de la fusion avec l’autre et d’une pureté irréelle, d’une sensualité qui ne veut pas s’avouer, a été par elle divinisé, devenant normatif, explicatif, et finalement idolâtré.


IV.  Maxime Lesage, ex-fervent valtortiste

1.  Son témoignage publié sur le site sosdiscernement.org

 

J'étais un fervent défenseur de l'oeuvre de Maria Valtorta (MV), trouvant l'article de la mise à l'Index plus en faveur de MV que contre. J'ai passé 4 ans à en faire la nourriture de mon âme. J'ai voulu lire les articles de Don Guillaume Chevallier comme une épreuve pour vérifier la solidité de l'EMV (évangile de Maria Valtorta), car de mon côté, mes recherches m'avaient souvent permis de lui donner raison plutôt que tort. J'en avais développé une confiance en l'oeuvre qui était plus de la fascination qu'autre chose. Chaque fois qu'un doute se présentait, j'essayais de lui trouver une solution probable, par bienveillance, mais tant que ce n'était pas lourdement problématique, je passais outre sans examen approfondi. J'ai ainsi bien travaillé sur la question du péché originel dans l'oeuvre, en revanche, pour le côté neoplatonicien de la création des âmes, j'ai renié mon thomisme en pensant avoir à faire à plus érudit que moi, ne pensant pas que la création de l'âme en dehors du corps était une opinion réprouvée par l'Eglise.

 

Un jour, on m'a parlé des articles de Don Guillaume Chevallier. J'avoue qu'une lecture rapide de ses articles me laissait plutôt sceptique, j'avais l'impression d'une certaine mauvaise foi de sa part, surtout sur les aspects psychologiques des personnages, étant donné qu'il avait fait un contresens complet sur ce qu'est un pervers narcissique (cela correspond parfaitement au Judas de MV et pas du tout à son Jésus) et que je ne pensais pas que l'EMV pouvait induire un prêtre à commettre des abus physiques à cause du rappel fait aux prêtres de rester chaste. J'ai changé d'avis depuis car "tout est pur pour les purs, mais pour ceux qui sont souillés et qui refusent de croire, rien n’est pur : leur intelligence, aussi bien que leur conscience, est souillée" (Tite 1:15)... Bref, j'ai mis les articles de Don Guillaume Chevallier dans un coin de ma tête avant d'y revenir pour répondre aux objections, parce que certaines me paraissent fortes et que si une chose est vraie, elle résiste à toutes les objections, même les plus redoutables. De plus, il y avait un côté stimulant à lutter contre un adversaire de taille plutôt que les critiques d'une fragilité étonnante (mise à l'Index), voire d'une nullité affligeante (Dominicains d'Avrillé qui font des contresens sur le texte)...

 

En travaillant sur le premier article au sujet de l'inspiration de l'oeuvre, première prise de conscience, il n'y a pas de "désormais" (ou de "de plus" si on regarde l'italien) aux noces de Cana comme le prétend le Jésus l'EMV, avec une lourde insistance dessus. J'ai bien regardé dans les manuscrits grecs présents sur le CSNTM,


ainsi qu'un synopsis des versions de la Vetus Latina dans St Jean. Cela m'a surpris de voir qu'il n'y a aucune variation du texte sur 40 manuscrits différents dont une grande partie est antérieure au 5e siècle ! Cela étant d'une rareté exceptionnelle, c'est qu'il y a une certitude sur la fidélité de ce "quid est tibi et mihi Mulier / ti emoi kai soi Gunai". Une erreur attestée, c'était suffisant pour que je puisse me dire : "s'il y a une seule erreur, alors peut-être que les passages j'ai interprété en faveur de l'oeuvre sont faux". J'ai donc repris de vieux doutes à ma première lecture et j'ai trouvé des contradictions entre plusieurs passages, soit de l'EMV, soit des Cahiers de MV. J'ai retrouve aussi des différences notables avec les évangiles qu'on ne peut pas attribuer à une légèreté de l'évangéliste (les morts qui ressuscitent à la Passion dans l'EMV au lieu d'après la résurrection comme en Mt 27, 53 - c'est invraisemblable de penser que St Matthieu se soit trompé sur ce détail si peu banal). C'était sûr, MV avait cédé à Satan, soit au départ, soit à un moment tardif... Ou alors elle a tout inventé. Je n'avais pas encore d'opinion ferme à ce sujet, mais je savais que le mal avait contaminé les écrits de Maria Valtorta, je ne pouvais donc plus avoir une confiance absolue en eux.


 

J'ai enfin travaillé d'avantage sur les trois éléments de doctrines chez Maria Valtorta de Don Guillaume Chevallier, et là c'était clair, j'étais passé complètement à côté de grosses hérésies ! Cela m'a choqué de ne pas l'avoir vu alors que j'étais tout à fait capable de savoir que c'était hérétique au regard de mes connaissances en théologie ! Je suis passé à côté de ces passages, en leur attribuant un sens métaphorique, ou en les interprétant favorablement (le langage de l'EMV est souvent confus), mais pourtant je les ai lus et bien trop rapidement la première fois. Grande humiliation pour moi, mais salutaire humiliation pour écraser l'orgueil de mon intelligence. Puis j'ai retrouvé cette dictée du 16 août 1949 dans laquelle le Jésus de MV affirme qu'il n'y a aucune erreur dogmatique dans l'oeuvre... Un tel mensonge qui intervient une fois que presque toute l'oeuvre de Maria Valtorta a été écrite ! Cela m'a décidé à m'éloigner totalement des écrits de MV, même si j'avais trouvé certains passages très nourrissant pour ma vie spirituelle (par exemple, le commentaire sur les trois


tentations au Gethsemani). C'était clair, Satan cherchait à nous faire tomber dans l'erreur en nous faisant croire à un faux Christ qui dit occasionnellement des hérésies, dans un langage obscur. La réalité montre que beaucoup se laissent tromper sans vigilance, je le sais car j'ai participé à un forum dédié à Maria Valtorta, et mon épouse avait fondé un groupe de lecteurs de Maria... Nous connaissons donc en partie le milieu des "valtortistes", et je dois avouer que même lorsque j'étais valtortiste, j'étais gêné par un aspect fanatique qu'on retrouve chez les plus ardents défenseurs de Maria Valtorta.

 

Aujourd'hui je ne retiens qu'une seule chose de cette expérience : "Il surgira des faux messies et des faux prophètes, ils produiront des signes grandioses et des prodiges, au point d’égarer, si c’était possible, même les élus" (Mt 24, 24). Or il est évident qu'on ne peut pas égarer des élus, si ce n'est avec ce qui imite la vérité, la foi et la vertu mais sans l'être réellement. Voilà pourquoi je me méfie énormément des détails scientifiques qui, paraît-il, sont exacts. Quand je pense qu'un clerc sérieux comme Mgr Laurentin (du moins je le juge tel) n'a pas vu les erreurs doctrinales, je me dis que cette oeuvre est très dangereuse et qu'il est nécessaire que l'Eglise en fasse une condamnation bien plus claire et bien plus sévère. J'espère sincèrement que la commission doctrinale de la CEF pourra publier une note bien plus fournie que ce qu'elle a publié à ce sujet, c'est, il me semble, une nécessité pastorale importante. J'ai une formation philosophique solide et des notions importantes en théologie. Si donc les écrits de MV ont été si dangereux pour moi comme pour beaucoup de clercs pourtant plus savants que moi, ils le sont encore plus pour le fidèle ordinaire qui est désarmé face à eux et qui n'entend pas les arguments théologiques aussi bien. C'est même pire que cela, beaucoup de lecteurs assidus refusent de voir l'évidence des hérésies même quand on leur commente les multiples passages incriminés sous les yeux... Ainsi, je n'ai pas peur de le dire, les écrits de Maria Valtorta produisent chez certains lecteurs une forme grave de fanatisme, et je peux le dire car je l'ai été partiellement moi aussi !

 

Je continue sur la conclusion de l'article de Don Chevallier sur l'aspect psychologique des personnages. Il a parfaitement raison, il faut se débarrasser de tout ce que l'imagination à recueilli en lisant MV. Moi qui suis dans cette situation, je peux vous assurer que c'est une poisse épaisse et bien collante qui ne sort pas si facilement de mon esprit ! Chaque passage des évangiles, chaque enseignement a sa description propre dans l'EMV, ainsi la contamination est presque totale ! Parfois on ne sait plus très bien ce qui est de l'EMV ou ce qui est des évangiles canoniques, alors il faut reprendre à zéro... Heureusement les évangiles ne sont pas si longs que ça à lire ! Plusieurs fois j'ai douté en me disant que j'étais en train de devenir "un


maître chicaneur" condamné par l'oeuvre (il faut dire que c'est un thème récurent). La seule façon que j'ai de lutter est de fixer régulièrement mon regard sur les erreurs qui ont été mises en lumière afin de me persuader que c'est bien vers la lumière de la vérité que je marche et que j'ai bien raison de laisser tomber l'oeuvre de MV dans l'oubli. Maintenant que quelques semaines sont passées, et que j'ai travaillé au moins 60 heures sur la recherche minutieuse des erreurs par rapport à mes souvenirs, il est plus facile de me persuader que Maria Valtorta est une fausse mystique... Mais figurez-vous que j'en doute encore parfois ! Alors je reprends mes travaux dont j'ai fait une synthèse, je les relis et je retrouve la paix : décidément, une vraie mystique ne pourrait pas dire de telles hérésies. Dieu ne peut pas donner quelque chose d'hérétique qui viendrait donc détruire la foi !

 

Après tout cela, la reprise d'une vie spirituelle normale est compliquée. Au départ, c'était une forme grave d'acédie qui me minait. Il y avait aussi les larmes de repentir, adoucies par la bonté de Dieu qui me faisait sentir qu'il avait pitié de moi. J'ai pleuré d'avoir soutenu avec force devant mes amis qu'il n'y avait aucune erreur chez Maria Valtorta. J'avais soutenu fortement une oeuvre avec des hérésies graves ! Je leur ai donc écrit que je m'étais trompé sur Maria Valtorta et eux m'ont pardonné. Lire Maria Valtorta donnait une nourriture facile à l'imagination, maintenant qu'il faut reprendre la lecture de la Bible, le travail intellectuel est plus difficile, mon esprit est devenu paresseux... Refaire oraison sans le matériau de l'EMV, c'est laborieux. Et puis les passages qui m'ont touché, je ne les garde pas non plus. Quand nos ancêtres chrétiens devaient passer du paganisme au christianisme, ils brûlaient leurs idoles entièrement ! C'est ce choix que j'ai pris, parce que je ne veux rien garder de ce que je crois venir de Satan, même s'il me donnait une bonne chose dans l'absolu pour mieux me tromper ensuite (l'EMV, c'est une tentation sous apparence de bien comme le dit St Ignace, ici Satan ne cherche pas à tromper le pécheur impénitent, mais celui qui cherche sincèrement le Christ - je dis cela après avoir fait un travail minutieux, pas seulement en réaction à mes fautes). Mais après cela, quelle joie de pouvoir de nouveau lire la Bible et l'interpréter de mille manières différentes, contrairement à l'EMV qui est tellement concret qu'il laisse peu de place à l'interprétation. Enfin je peux de nouveau écouter un sermon à la messe sans avoir cette arrière pensée orgueilleuse : « s’il avait lu Maria Valtorta, il n'aurait pas dit cela, il aurait mieux compris ». Plus besoin de faire une gymnastique intellectuelle pour écouter un prêtre disant quelque chose de pertinent même s'il ne va pas dans le sens de l'EMV. Douloureux détachement de l'EMV, parce qu'il faut faire l'effort de retravailler, mais joyeux détachement avec le sentiment d'être "enfin libre" ! Libre par rapport à tous ces passages culpabilisants de l'EMV ou des Cahiers, et ils sont nombreux en fait quand on regarde vraiment bien.


 

 

Dans ma tristesse, j'ai été réconforté par cette béatitude du Christ : heureux ceux qui croient sans avoir vu (Jn 20, 29). J'avais l'impression de voir le Christ avec les écrits de Maria Valtorta, je cherchais à connaître le Christ dans les moindres détails pour mieux l'aimer. C'est sans doute cette curiosité qui m'a perdu, car je cherchais à connaître des choses au sujet du Christ que la Sainte Trinité n'a pas voulu révéler. En effet, j'ignorais qu'au n°11 de Dei Verbum, il est dit que les Ecritures Saintes ne contiennent que ce que Dieu veut, et cela seulement. Ainsi les disparités entre évangiles, les zones d'ombres aussi, tout cela est voulu par Dieu et doit être reçu avec piété et humilité, au lieu de tomber dans la critique des instruments de Dieu qui ont mis par écrit sa parole (attitude récurrente des valtortistes, et pour cause, elle est défendue dans l'EMV). Ainsi, je suis tombé dans le plus antique péché : celui de désirer une connaissance dont le Seigneur nous prive volontairement pour notre bien. Désormais, je peux me réjouir de croire à nouveau sans voir et c'est vraiment une très grande joie ! (Le témoignage est publié dans les commentaires de l’article)

 

2.  Son travail : « Contradictions et hérésies dans l’oeuvre de Maria Valtorta ? »

 

Après avoir livré son témoignage, Maxime Lesage a approfondi ses recherches pendant une année. Suite à cela, il a publié un ouvrage téléchargeable gratuitement :

 

Contradictions et hérésies dans l’oeuvre de Maria Valtorta ?


V. René Gounon : Maria Valtorta, l’Évangile dévoyé

 

 


 

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Extrait de l’introduction :

 

« Bien que jamais reconnue par l'Eglise, cette oeuvre est toujours plus largement diffusée, elle a été traduite dans une trentaine de langues, est répandue dans le monde entier et toute une littérature se développe aujourd'hui autour d'elle. Une intense activité de promotion contribue à cette expansion, comme en témoignent les multiples ouvrages et vidéos à la gloire de l'oeuvre et de son auteur. Cette œuvre extraordinaire dont l'Eglise conteste absolument l'origine divine a aujourd'hui pignon sur rue, on trouve ce soi-disant « Evangile » et les livres qui s'y rattachent sur les rayons des librairies catholiques et jusque dans certaines librairies généralistes. Il est donc naturel de s'interroger. »


VI.  Joachim Bouflet : les aspects problématiques

 

Là où Joachim Bouflet ne consacrait que quatre pages à Maria Valtorta dans sa somme au titre explicite, Faussaires de Dieu (2000), c’est cette fois un chapitre entier et fourni qu’il dédie à la « mystique » italienne dans son dernier opus Impostures mystiques paru en mars 2023. Les articles de Don Guillaume Chevallier publiés en 2021 dans la revue Charitas, les réponses « aussi peu argumentées que violentes, voire haineuses » (p. 139) qui lui ont été faites, et le « bref avertissement » de la Commission doctrinale des évêques de France paru en septembre 2021, qui relève que « la diffusion des écrits de Maria Valtorta s’intensifie depuis deux ans au moins », ont conduit Joachim Bouflet à se plonger dans les quelque 5000 pages de l’Évangile tel qu’il m’a été révélé et ses Cahiers, avec comme il le dit « une patience de chartreux » devant « la mièvrerie et le sentimentalisme du texte ». Si Joachim Bouflet s’appuie à plusieurs reprises sur les travaux de Guillaume Chevallier et rappelle les nombreuses condamnations de l’œuvre par l’Église, reproduisant in extenso l’article de l’Osservatore Romano intitulé « Une vie de Jésus mal romancée » faisant suite à la mise à l’index de 1960, il n’en apporte pas moins sa contribution personnelle aux aspects problématiques de l’œuvre de Maria Valtorta.

 

Par Damien Bally


 

De nombreux anachronismes

Il relève en premier lieu les nombreux anachronismes qui émaillent l’œuvre, alors même que le président de la Fondazione Maria Valtorta ne craint pas d’affirmer dans une conférence de 2018 que « la science archéologique confirme tout ce qui est écrit


dans les dix volumes de l’œuvre ». (p. 96) Hélas, certains détails ne résistent pas à l’examen critique, comme ces « coupoles resplendissantes » du Temple de Jérusalem mentionnées à plusieurs reprises par Maria Valtorta qui n‘ont jamais existé que dans son imagination féconde : tant les fouilles archéologiques menées dans les années 1970-1980, que les descriptions de l’historien juif Flavius Josèphe au 1er siècle de l’ère chrétienne démentent l’existence de ces coupoles, qui d’ailleurs ne font leur apparition qu’au milieu du 1er siècle dans le monde romain, mais pas chez les juifs qui préfèrent les toits en terrasse, puis plus tard dans l’architecture arabo- musulmane.


 

Autre étrangeté, l’utilisation par Joseph et Jésus d’un tournevis pour leurs travaux de menuiserie, outil totalement inconnu jusqu’à la Renaissance qui voit l’invention de la vis de fixation. Ou encore la présence dans le récit de plantes importées du Nouveau Monde au XVIè siècle : « tous ces anachronismes en termes de végétation équivalent à faire cultiver par les contemporains de Jésus des pommes de terre, des tomates ou du maïs » commente ironiquement Joachim Bouflet.

 

Dans une veine toute romanesque, Maria Valtorta conte aussi que Jésus, âgé de 5 ans, réfugié avec ses parents en Égypte, cherche à reproduire un petit lac à l’image de celui de Génésareth pour y faire flotter ses petits bateaux faits de feuilles mortes. Il place les villes bordant le lac : Magdala, Capharnaüm et… Tibériade. Problème : la ville de Tibériade n’a été fondée qu’en l’an 17, date à laquelle Jésus avait une vingtaine d’années.

 

 

La description des sacrements

Les descriptions faites par Jésus des sacrements de l’Église sont tout aussi anachroniques. Bien que leur nombre définitif n’ait été arrêté qu’en 1274 par le Concile de Lyon (entériné par le Concile de Trente en 1547), les sept sacrements sont institués par Jésus en personne dans l’Évangile revisité par Maria Valtorta. (p. 124) Dans un long dialogue avec l’apôtre Jacques, « Jésus », après avoir pris soin de


définir ce qu’est un sacrement, dans des termes qui semblent tout droit sortis d’un catéchisme, détaille chacun avec un luxe de précisions qui n’appartiennent qu’à la tradition chrétienne ultérieure.

 

Après avoir donné ses instructions concernant le baptême, l’absolution des péchés, l’extrême-onction des malades, Jésus codifie également le « Sacrement pour les noces de l’homme », autrement dit le mariage dont les modalités n’ont été fixées que progressivement, notamment par le IVè concile du Latran en 1215. De même le sacrement de confirmation dont « Jésus » dit qu’il sera donné « par ceux qui auront reçu la plénitude du sacerdoce ». Or baptême et confirmation étaient conférés ensemble dans l’Église primitive avant qu’en 416 le pape Innocent Ier confie aux seuls évêques la prérogative de confirmer les baptisés. Le « Jésus » de Maria Valtorta institue également une « hiérarchie ecclésiastique » comme elle le lui fait dire. C’est donc, selon le mot de Joachim Bouflet, une « Église clefs en main » que livre Jésus. Plus gênant, l’explication de chacun des sacrements dont l’apôtre Jacques est le dépositaire en tant que « chef de l’Église d’Israël » (sic) est faite par Jésus sous le sceau du secret, selon un mode de transmission caractéristique d’une gnose.

 

 

La personnalité de Jésus

La personnalité de Jésus dans l’œuvre de Maria Valtorta, décrite par Don Guillaume Chevallier comme celle d’un gourou autoritaire et égocentrique revêt un aspect plus inattendu dans l’analyse que tire Joachim Bouflet de certains passages de l’œuvre : celle d’un « Jésus » homo-sensible qui aime « à embrasser, caresser et étreindre ses disciples hommes » (p. 115) Ainsi le troublant baiser que dépose

« Jésus » sur la bouche d’un certain Abel de Bethléem, personnage assimilé dans l’œuvre à Saint Ananie.

 

Le plus favorisé étant sans surprise « le disciple que Jésus aimait » de l’Évangile dans cette scène racontée par Maria Valtorta. Réveillé un matin par un baiser de Jésus sur la joue, Jean, qui « ne porte que ses sous-vêtements », se jette à son cou et se déclare « enflammé d’amour » pour Jésus qui « brûlant d’amour à son tour le caresse ». Un peu confus de tant de fougue amoureuse, Jean fait promettre à Jésus le silence sur cet épisode intime et s’entend répondre : « Sois tranquille, Jean, personne ne saura rien de tes noces avec l’Amour ». Un « Jésus » manipulateur, commente Joachim Bouflet, qui enferme son disciple dans le secret d’une relation équivoque dont il est l’initiateur.


 

Cette scène se prolonge dans d’autres effusions scabreuses au fil des chapitres de l’œuvre, toujours dans le secret et à l’écart des autres disciples : « Et Jésus reconnaît son Préféré. Il lui tend les bras et Jean s’y élance […] à peine vêtu avec sa tunique humide, déchaussé, glacé. "Tu as froid Jean ! Viens ici sous mon manteau…" […] Ils restent enlacés dans le seul manteau de Jésus. ». Ou encore au chapitre suivant :

« Ainsi tu es venu. Cela nous sert, à toi et à Moi, à jouir d’un moment d’amour »

 

Mais, « nouveauté ignorée des Évangiles », commente Joachim Bouflet, le disciple le plus aimé n’est en réalité pas Jean mais Judas comme Maria Valtorta le fait dire à Jésus dans ses Cahiers, un Jésus qui va jusqu’à supplier son Père que ce ne soit pas Judas qui « a dormi sur ma poitrine […] mon ami, mon apôtre » qui le trahisse. L’apôtre Jacques est également poursuivi par les assiduités de Jésus : « […] "Je te baise sur ta bouche, qui devra répéter ma parole aux gens d’Israël, et sur ton cœur qui devra aimer" […] Ils restent embrassés longuement et Jacques paraît s’assoupir dans la joie des baisers de Dieu » Autant de scènes homo-érotiques qui siéent mal à la relation, même privilégiée, de Jésus avec ses disciples.

 

 

L’entrevue du 26 février 1948 avec Pie XII

Joachim Bouflet apporte également des précisions utiles sur l’entrevue du 26 février 1948 avec Pie XII, en présence des frères servites de Marie, les pères Romualdo Migliorini, directeur spirituel de Maria Valtorta qui l’avait encouragée à écrire ses visions, son confrère Corrado Berti, enthousiasmé par les « dictées » de la

« mystique », et leur supérieur le père Andrea Cecchin. Le pape aurait déclaré :

« Publiez l’œuvre telle quelle. Il n’y a pas lieu de donner une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui liront comprendront » Or, c’est le père Berti seul qui rapporte ces propos, avancés comme argument d’autorité par les partisans de Maria Valtorta. Comme le dit l’adage, testis unus, testis nullus. D’autant que le témoignage du père Berti « qui au fil des années s’est montré de plus en plus exalté pour Maria Valtora » (p. 128) allant même jusqu’à recourir à un


radiesthésiste pour démontrer que la mystique disait la vérité au sujet du tombeau de Saint Pierre, est largement sujet à caution.


 

De son côté, le père Checcin indique seulement que le pape leur a demandé de trouver un évêque pour l’imprimatur d’usage. Imprimatur qu’obtiendra à l’été 1948 le père Berti pour un livret de 32 pages, maquette de L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, de la part de Mgr Barneschi, évêque in partibus, c’est à dire sans diocèse propre à gouverner. Or cet imprimatur, que les partisans de Maria Valtorta mettent en avant, ne peut être accordé que par l’ordinaire du lieu où réside l’auteur et/ou l’éditeur de l’ouvrage, il n’a donc en l’espèce aucune autorité.

 

 

La personnalité de Maria Valtorta

Joachim Bouflet aborde enfin la personnalité de Maria Valtorta à travers ses écrits autobiographiques. Il note (p. 134) « l’absence de la joie et de la paix caractéristiques de toute authentique expérience mystique » Devant le manque de soutien apporté à son œuvre, elle se pose en victime incomprise de tous, vindicative envers les servites de Marie (dont elle est membre du Tiers-Ordre) qui selon elle l’ont trahie. Ainsi elle fait dire à Jésus que le père Migliorini, adepte pourtant de la première heure, est « un parâtre et un tentateur ». Servites qu’elle qualifie en 1949, au moment le Saint-Office examine les textes et interdit leur publication, de

« rebelles, orgueilleux, menteurs, fraudeurs, tentateurs d’une âme, dépréciant la Madone, coureurs de jupons… » Contrairement aux trois mystiques données en exemple par Joachim Bouflet, qui montrent un grand détachement vis-à-vis de leurs écrits, Maria Valtorta défend bec et ongle son œuvre, constituant même pour cela un dossier avec l’aide d’un avocat… Elle ne trouve sa consolation que dans les paroles de Jésus qui lui déclare notamment : « Aucune âme ne m’a autant vue que toi » et l’appelle son « petit Jean » martyrisé.

 

Ainsi apparaît-elle à ses yeux comme la plus grande voyante de tous les temps, ce qui n’est guère gage d’humilité. Saint Pie X du haut du ciel lui donne sa bénédiction, sa mère aussi, de son purgatoire, vient la réconforter. Sans nier sa


sincérité et sa piété, Joachim Bouflet la décrit (p. 137) comme « une femme illusionnée et s’illusionnant sur elle-même », sans exclure cependant chez elle des facultés paranormales sous la forme de « prémonitions » et autres « faits étranges » évoqués par l’auteur anonyme de Maria Valtorta, la persona e gli scritti.

 

En conclusion, plus qu’à Maria Valtorta elle-même, Joachim Bouflet attribue la fraude à ce que l’historien Yves Chiron qualifie de lobby valtortiste qui, à grand renfort de « contre-vérités » et d’« expertises prétendument scientifiques effectuées par divers "spécialistes" auto-institués », continue de défendre le caractère surnaturel des dictées et visions de Maria Valtorta.



VII.  L’antisémitisme présent dans le Poème de l’Homme-Dieu

 

Article publié dans The Catholic Word Report (14 septembre 2021), sous le titre : « Un monument de pseudo-religiosité ». Réquisitoire contre le Poème de l’Homme-Dieu. Traduction de l’anglais : D. Auzenet, avec l’aide de Linguee. La totalité de cet article se trouve sur le site sosdiscernement.org. Je ne reproduis ici que le point 4 de l’article qui aborde la question de l’antisémitisme.

 


 

 

« La pire faute de Valtorta est son déplorable antisémitisme, à la fois religieux et racial, qui entache tout le Poème. Opposés aux soldats romains, les lâches basanés, puants et à gros nez de Valtorta sont des stéréotypes tout droit sortis de L’éternel juif. Pour les Romains, les cadavres juifs sont "autant de serpents en moins". (V : p. 623) Les légionnaires insultent allègrement la foule juive qu’ils dispersent à coups de poing. (IV : p. 804) La confrontation de Pilate avec une délégation du Sanhédrin est un exercice embarrassant de comédie vulgaire, Pilate reniflant une fleur pour éloigner l’odeur de "bouc" des Juifs. (V : pp. 557 et suivantes).

 

Valtorta compare à plusieurs reprises les Juifs aux Romains : "Les utérus hébreux conçoivent de vils parjures. Les utérus romains ne conçoivent que des héros." (V : p. 790) Marie Salomé qualifie les Juifs de "lâches" mais considère leurs conquérants romains comme "justes et pacifiques". (V : p. 652) Marie-Madeleine suppose que les Juifs convertis ne seront pas assez courageux pour être martyrs. (V : p. 663) Les païens seront de meilleurs disciples de Dieu qu’Israël ne l’était. (V : p. 852) Il est significatif que le récit de la Pentecôte de Valtorta ne culmine pas avec la conversion de 3 000 juifs. En supposant que les premiers chrétiens ont immédiatement changé leur sabbat pour le dimanche, elle n’est pas consciente de la lente distanciation de la synagogue et de l’Église relatée dans les Actes des Apôtres.


Marie s’emporte en disant que Rome avait raison de craindre cette "tribu de tueurs". (V : p. 642). Elle déclare : "Je ne suis plus une Juive, mais une Chrétienne, la première Chrétienne. Un personnage juif fictif se convertit parce que "le culte d’Israël est devenu du satanisme" et rompt promptement le sabbat. (V : p. 673). Nicodème, qui s’est débarrassé de son identité hébraïque, projette de sculpter une statue, la future Sainte Face de Lucques. (V : p. 903)


 

Plus grave encore, Valtorta fait des Juifs des Déicides. Les Romains ne sont pas responsables de la crucifixion, seul Pilate l’est. À part les disciples du Christ, "tout le peuple juif réuni à Jérusalem voulait sa mort". (V : p. 293). La ville entière se déverse pour railler Jésus comme des milliers de "hyènes enragées" (V : p. 566). Longin et les soldats romains tentent de minimiser ses souffrances, mais des bourreaux au "profil juif évident" (V : p. 563) flagellent le Sauveur et le clouent au sol. La supplication du Christ "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font" semble s’adresser aux voleurs qui se chamaillent, et non à ‘ses diaboliques persécuteurs juifs’.

 

À l’approche de sa Passion, Jésus se plaint de la résistance des Juifs à la conversion : "Qu’il est pénible d’être si près de la mort pour si peu de gens". (V : p. 64) Il déteste le culte juif : "Je déteste vos solennités qui ne sont que des apparences. J’abolirai mon alliance avec la souche de Lévi…." (V : p. 426). Plus tard, le Christ ressuscité déclare que Dieu s’est retiré des rites juifs et que le judaïsme est "mort pour toujours". "Ses rituels ne sont que des gestes que n’importe quel histrion pourrait mimer sur la scène d’un amphithéâtre." (V : p. 831) Il méprise Jérusalem comme le lieu où la synagogue a reçu le blâme de la répudiation de Dieu pour ses nombreux et horribles crimes." (V : p. 869) Citer des malédictions éternelles tonitruantes contre le peuple et la terre d’Israël comme étant les paroles mêmes de Notre Seigneur Jésus-Christ alors que les flammes de l’Holocauste brûlaient est un blasphème détestable.


Pourquoi, pendant toutes ces années, si peu de lecteurs du Poème ont-ils remarqué ses défauts flagrants ? Ont-ils suivi docilement les recommandations de ceux qu’ils admiraient en tant que leaders spirituels ? Il est certain que peu de personnes dans l’assistance partageaient le mépris des Juifs et du judaïsme exprimé dans le Poème. Ou bien ce phénomène démontre-t-il la théorie de la réception du lecteur : les gens voient ce qu’ils veulent voir dans un texte ?

 

D’innombrables témoignages fervents de "cette grande et glorieuse œuvre" suggèrent que c’est peut-être le cas, d’autant plus que les promoteurs conseillaient de la lire lentement et de manière méditative. À mon avis, le culte de Maria Valtorta a été un gaspillage tragique de temps de dévotion, de trésor et de zèle, ainsi que de la vie d’une malheureuse femme.

 

Le fait d’avoir écrit de telles choses alors que des feux brûlaient à Auchwitz est une pure obscénité. Valtorta est un argument unique en faveur de Nostrae aetate, le décret de Vatican II qui a condamné la notion de culpabilité collective des juifs. »


Conclusion : une évaluation négative

Pour avoir travaillé des écrits d’autres faux (fausses) mystiques, je suis en mesure de dire que ces types d’écrits semblent toujours irréprochables en première lecture. Toutefois, lorsqu’on travaille en profondeur, et sur la totalité de l’oeuvre, on trouve ce qui permet de dire : non, ce n’est pas possible.

 

Cela est vrai pour toutes sortes d’écrits; les vôtres, les miens : il peut toujours y avoir des erreurs, des déviances, des formulations inadaptées, des perspectives à reprendre, à redresser.

 

Mais lorsque les écrits prétendent avoir été dictés par Jésus lui-même en un « livre inspiré », et donc bénéficier d’un sceau divin, d’une inspiration divine, c’est très ennuyeux : c’est au contraire la signature d’un autre esprit… On est donc en face d’un cas d’abus spirituel et de tromperie.

 

Le travail accompli par Don Guillaume Chevallier me semble décisif. Il faut l’en remercier, car s’immerger dans des écrits alambiqués et déviants, c’est faire face à une étude difficile, et spirituellement pénible (Bienheureux confinement, cause Covid 19 !). Cela faisait plus de trente ans que j’attendais ce type de travail critique. On peut avoir l’intuition de l’oeuvre d’un faussaire ; encore faut-il pouvoir le montrer objectivement par une analyse théologique et en produisant les citations appropriées.

 

Si vous souhaitez étayer l’évaluation négative de l’oeuvre de Maria Valtorta, je vous invite à lire et travailler les trois articles qu’il a publiés. Vous y trouverez des citations très problématiques… Ce ne sont donc pas seulement des réticences qu’il faut avoir devant

« l’Evangile tel qu’il m’a été révélé »; c’est une fin de non recevoir qu’il faut lui opposer.

 

Les travaux de Maxime Lesage, de René Gounon, de Joachim Bouflet, et de Sandra Miesel, dont vous avez les références dans ce livret en sont autant de confirmations.



Collection

 

 

 


 

 

 

D’autres titres sur le site sosdiscernement.org

 

ISBN 978-2-38370-018-0

Maria Valtorta "l'Évangile tel qu'il m'a été révélé" une évaluation négative" Dominique Auzenet mai 2023

  Ouverture   Je n’ai jamais pu lire et me satisfaire de la lecture de « l’évangile tel qu’il m’a été révélé » de Maria Valt...